Premières lignes #4 : La dixième muse

Bonjour ! Un dimanche fleuri et poétique, ça vous dit ? C’est de saison 🙂 J’ai très envie de vous parler d’une autrice que j’aime beaucoup et que j’ai rencontrée au festival Etonnants Voyageurs : Alexandra Koszelyk. Cette rencontre a été un moment super chouette, vraiment merveilleux pour moi. Je voulais donc partager avec vous, dans ces premières lignes #4, l’incipit de La dixième muse pour vous donner envie de découvrir cette autrice qui manie à la perfection le réalisme magique.

4ème de couverture

 » Au cimetière du Père Lachaise, des racines ont engorgé les canalisations. Alors qu’il assiste aux travaux, Florent s’égare dans les allées silencieuses et découvre la tombe de Guillaume Apollinaire. En guise de souvenir, le jeune homme rapporte chez lui un mystérieux morceau de bois. Naît alors dans son cœur une passion dévorante pour le poète de la modernité.
Entre rêveries, égarements et hallucinations vont défiler les muses du poète et les souvenirs d’une divinité oubliée : Florent doit-il accepter sa folie, ou croire en l’inconcevable ?

Dans cet hommage à la poésie et à la nature, Alexandra Koszelyk nous entraîne dans une fable écologique, un conte gothique, une histoire d’amours. Et nous pose cette question : que reste-il de magique dans notre monde ? « 

Premières lignes #4 : La dixième muse

 » Personne ne peut savoir si le monde est fantastique ou réel, et non plus s’il existe une différence entre rêver et vivre » (Jorge Luis Borges)
 » C’est une triste chose de songer que la nature parle et que l’homme n’écoute pas » (Victor Hugo).

 » C’est là, ça serpente, caché de tous, sous nos pieds, à l’image de ces millions de fourmis qui peuplent les forêts, ça monte lentement, en silence, comme ces chants que personne n’entend, les feuilles se gorgent puis éclatent comme un feu d’artifice qui prendrait tout son temps. Fil ténu relié au reste du monde qui monte en cadence jusqu’à l’explosion finale. Bientôt, les feuilles bordent l’allée de leurs verts flamboyants et forment une arche protectrice.

Alors seulement on la voit, on prend conscience de son éclat. Elle, la taiseuse qu’on délaisse ou abandonne, crie ses invisibles appeaux. C’est l’heure de sa revanche, de sa révélation. Il est des naissances qui mettent une vie à se réaliser, il lui aura fallu quelques millénaires pour appréhender qui elle était. Mais elle est bien là. La Nature vibre et apporte aux hommes son abondance. Chaque arbre de chaque rue de chaque pays sur chaque continent porte ses fruits, fier et triomphant, comme ces mères qui offrent leur sein à leur enfant. Ils attendent qu’on cueille leurs fruits juteux, et leurs branches, alourdies de ces réussites, tombent et forment au sol un tapis nourricier. Les hommes se penchent, acclament cette terre, mais maintiennent dans leurs yeux la surprise de ce spectacle en plein hiver.

Moi, je connais la genèse de ce prodige, mais j’en garde jalousement le secret. Peut-être est-il temps maintenant de tout vous expliquer ? « 

Rapide analyse de l’incipit

Remarquable la première phrase de ce roman, véritable protase  » jusqu’à l’explosion finale ». Lisez cette phrase à voix haute pour en ressentir le souffle, et constater la sensorialité qui s’en dégage.

Remarquable également, la manière dont l’autrice retarde le fait de nommer ce « elle ». Cachée effectivement, ‘taiseuse », elle se dévoile peu à peu derrière les arches verdoyants et les mots. Dès lors, ces premiers paragraphes mettent en scène une éclosion.

J’aime tout dans cette première page. Le rythme, les sonorités, les mouvements du phrasé, le lexique végétal et sensoriel. On sent que l’autrice est une amoureuse des mots. Ces premières phrases sont le fruit d’un gros travail sur la langue. Chaque mot est à sa bonne place. Malgré tout, Alexandra Koszelyk parvient à créer une sorte de légèreté dans sa prose. Nulle lourdeur ici : au contraire une impression de naturel, comme par mimétisme avec le récit.

Enfin, comment ne pas avoir envie de tourner les pages quand il s’agit d’un secret et que le narrateur interpelle le narrataire pour lui proposer de lui dévoiler ?

Bref, un début de roman qui prolonge la couverture d’Elena Vieillard et les épigraphes de Borges et de Hugo : magie florale, magie des mots et poésie sont au menu de La dixième muse, avec un réalisme magique de toute beauté. Ou comment, en quelques mots, créer un envoûtement complet.

En pratique

Alexandra Koszelyk, La dixième muse

Aux forges de Vulcain, 2021

Couverture : Elena Vieillard

Un rendez-vous bloguesque partagé

Ce rendez-vous est suivi par pas mal de blogueurs et blogueuses :

Lady Butterfly & Co
Cœur d’encre
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À vos crimes
Ju lit les mots
Voyages de K
Les paravers de Millina
4e de couverture
Les livres de Rose
Ma lecturothèque
Mots et pelotes
Miss Biblio Addict !!
La magie des livres
Elo Dit

N’hésitez pas à me dire si vous participez aussi à ce rendez-vous dominical, je pourrai actualiser la liste !

Qu’avez-vous pensé de ces premières lignes ? Avez-vous senti, dès les premiers mots, l’ambiance poétique, rafraîchissante et fleurie de ce roman ? J’espère que ce moment vous a plu et donné envie de découvrir la plume de cette autrice et de lire ce roman. De mon côté, dès que ma lecture en cours est terminée, j’irai piocher dans un des deux titres que j’ai achetés au festival : A crier dans les ruines L’archiviste. Je vous souhaite un très bon dimanche ensoleillé et à bientôt !

4 commentaires sur “Premières lignes #4 : La dixième muse

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  1. Quelle belle plume O.O! J’adore ce genre d’écriture, qui a un rythme bien à lui, et qui laisse résonner les mots. Merci pour cette belle découverte !
    Ce n’est pas forcément le type de livre qui m’attire au départ, et pourtant ces quelques lignes m’ont conquise.
    Hop, c’est noté dans la wishlist (beaucoup trop longue en l’état, mais je n’oublierai pas ce titre 😉 )

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