Josepha Juillet – La nation des bulles

Enfin, je me suis plongée dans la lecture de Terre des Ombres, trilogie signée Josepha Juillet. C’était ma dernière lecture pour le Cocorico Challenge organisé par Camelote Magicadou. Très certainement aussi la dernière de mon ABC de l’imaginaire 2022 (lettre J). Le premier volume s’intitule La nation des bulles. Le travail sur ce livre, et la trilogie dans son ensemble, mérite d’être souligné : Josepha est autrice indépendante, et le soin apporté à la couverture, la mise en page et la maquette du livre est impeccable. Un premier volume d’une trilogie SF pour un public plutôt Young Adult : je ne suis plus la cible, malgré tout j’ai passé un bon moment de lecture.

Synopsis

« Les Bulles. Immenses cités de verre suspendues où tout est réfléchi pour protéger ses habitants. Les protéger des Ombres.

La guerre que mènent l’Impératrice et son Commandant est sans relâche. Seules les Chuchoteuses pourraient intervenir, car elles connaissent le langage des Ombres.

Mais des Chuchoteuses, il n’y en a plus. En apparence, du moins. Adèle ne sait pas encore qu’elle en est une. Et qu’une mission qui la dépasse l’attend. Un seul contact peut vous prendre la vie. Ou la changer, pour toujours ».

Un roman YA efficace et bien ficelé

La nation des bulles : un premier opus de trilogie

Ce premier volume de Terre des Ombres a tous les attributs d’un premier tome de trilogie : présentation du contexte (environnement, passé) et des personnages et mise en place des enjeux (la guerre avec les Ombres, le rôle de Chuchoteuses et leur place au sein de cette société). Ca démarre assez doucement, mais j’ai trouvé le ratio dialogues/récits et actions/décors bien équilibré. L’autrice construit ce premier volume avec moult rebondissements, créant un suspense constant, avec des cliffhangers en fin de chapitre. Surtout à la fin du premier volume, qui donne envie au lecteur de se ruer sur le second tome. La continuité entre les deux volumes est donc assurée et très fluide.

Et roman YA efficace

Par ailleurs, on retrouve tous les ingrédients d’un roman Young Adult. D’abord dans les personnages et leurs relations. On a des personnages plus ados mais pas encore adultes, la jeune élue qui va changer le cours des choses, des traîtres et des aidants, des querelles (a priori futiles) entre filles et entre garçons, une figure paternelle en guise de soutien, des personnages politiques plus haut placés et qui provoquent méfiance et soupçon… Josepha évite judicieusement la romance, toutefois on devine des choses dans un schéma assez bien connu aussi (le tome 2 nous en dira certainement plus là-dessus).

Et l’autrice finit sa recette avec une bonne dose de magie, des technologies méconnues, des ennemis dont on ignore en fait qui ils sont (les Ombres, ou ne sont-elles qu’un prétexte ?), des complots, des assassinats, et de nombreuses scènes d’apprentissage pour l’héroïne (la danse, la baston, l’Histoire…).

Pas vraiment d’originalité sur ces différents points mais ces recettes ont prouvé leur efficacité. Et connaissant l’autrice, je pense que les deux tomes suivants vont faire bouger tout ça.

Mais avec des zones d’ombre

Sans mauvais jeu de mots : ce premier volume de Terre des Ombres n’est pas exempt de défauts.

Sur la forme

Si La nation des bulles se lit facilement et que la lecture est agréable, il reste quelques fautes et coquilles et la plume au début m’a semblé assez sèche, brute : plusieurs phrases sont juxtaposées sans verbes. Clairement ça donne un effet de simultanéité et de rapidité intéressant, mais à la longue, ça manque de rondeur. L’autrice en apporte heureusement au fil des pages, comme si elle se sentait plus à l’aise dans son univers.

Je n’ai pas apprécié du tout en revanche l’alternance de points de vue. Les points de vue de Yuni et Ben arrivent trop rarement pour que cela ait un sens, d’autant que je n’ai pas compris leur opportunité à ce moment-là du texte ni senti de personnalité différente dans le discours.

Sur le fond

D’autre part, je trouve que ça manque de profondeur, de détails. On est dans un roman SF, mais j’ai trouvé cette dimension trop discrète, pas assez exploitée. J’aurais aimé avoir par exemple des précisions sur les technologies déployées pour vivre dans la bulle. Par ailleurs, certains points m’ont paru très vagues (comme cette histoire de commutateur, je n’ai pas tout compris). Il manque des explications pour y voir clair et bien saisir la manière dont la bulle fonctionne. Dommage, car le roman s’appelle justement La nation des bulles : il me semble que l’originalité du roman est là ! C’est comme si l’autrice avait eu peur de perdre ses lecteurs s’il y avait eu trop de SF.

Enfin, et même si c’est efficace et prenant, je n’ai pas été transportée par le récit. C’est vrai que la figure de l’élue a priori banale et quelconque qui devient la sauveuse du monde me lasse. Les crêpages de chignons aussi. Les triangles amoureux et les enemies to lovers également (je ne dis pas que c’est ce qu’il y a, je dis que j’en ai senti les effluves; peut-être que le tome 2 me donnera tort). Les personnages politiques puissants et manipulateurs me laissent aussi de marbre. Bref, oui ça marche, mais ça manque de sel et d’originalité pour que ça me passionne totalement.

En pratique

Josepha Juillet, Terre des Ombres, T.1 : La nation des bulles

Edition indépendante, novembre 2020

Autres avis : Coup de coeur pour MissLalieBooks; réussite pour Les Fantasy d’Amanda; une bonne lecture fantasy pour jeune public, pour L_Bookine.

Pas évident de chroniquer le roman d’une amie ! Car oui, Josepha est devenue une amie, avec qui j’échange tous les jours et que j’ai rencontrée en vrai aux Imaginales 2022. C’était assez rigolo, car on s’est reconnues très facilement, et les gens pensaient qu’on était sœurs ou amies de longue date ^^ Bref, j’ai eu plaisir à découvrir sa plume (enfin, à redécouvrir, car Josepha m’a fait confiance pour bêta-lire son nouveau né, Mutation). Très honnêtement, je ne suis pas du tout le public cible, et j’ai trouvé La nation des bulles assez classique. Mais bien ficelé, efficace, agréable à lire, divertissant. Et surtout, le boulot éditorial est très professionnel. Alors non, tout n’est pas parfait. Mais je lirai quand même le tome 2 à l’occasion, parce que c’est plaisant et je veux savoir la suite. Et parfois, on n’en demande pas plus à un livre !

2 commentaires sur “Josepha Juillet – La nation des bulles

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  1. Mutations de la même autrice a rejoint ma PAL récemment 😉
    Je suis moins tentée par celui-ci, car très difficile en matière de SF, qui n’est pas mon genre de prédilection… bon tu me diras que Mutations en est aussi, mais y a de la métamorphose animale, et c’est un thème que j’aime beaucoup !

    1. Ben j’ai envie de dire, si tu n’es pas très à l’aise avec la SF, Terre des ombres devrait te plaire, c’est assez léger – en tout cas, le premier volume.
      Par contre oui, clairement je pense que de ce que tu dis, Mutation te plaira davantage !

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