Frances Hardinge – La voix des ombres

Me revoici avec une lecture qui sort de mes habitudes. J’ai lu La voix des ombres de Frances Hardinge, une des autrices préférées de Sometimes a book. Je ne connaissais pas du tout cette autrice, et j’ai profité du challenge #12auteursen2022 organisé par Charlène sur son compte Instagram pour me procurer ce titre. La voix des ombres est un beau pavé, à la couverture sublime et recouvert d’un jaspage vert sur les tranches du livre. Le roman traduit en français est paru en 2019 chez Gallimard jeunesse.

Synopsis

La jeune Makepeace avait pourtant appris à se défendre contre les fantômes. Mais aujourd’hui, un esprit habite en elle. Il est sauvage, fort, en colère… et il est aussi son seul rempart contre la cruelle dynastie de son père.

Dans un pays déchiré par la guerre, Makepeace va devoir faire un choix difficile: la liberté ou la vie.

Mon avis sur le pouce

• Ce roman présente un arrière-plan historique très réaliste. Angleterre, XVIIème siècle, guerre de religions (catholiques vs protestants), avec affrontement entre monarchie et Parlement. Ce cadre historique n’est pas qu’un décor, il est intimement lié à l’intrigue qui s’y noue étroitement. Aucun parti pris ici, et ça c’est très bien joué. On parcourt ce pays, de ses villages reculés à ses villes urbanisées, jusqu’à la Cour. C’est un très bon point du roman selon moi.
• En revanche, je n’ai trouvé nulle chaleur dans ce roman. C’est ce qui m’a le plus déstabilisée. Je ne dis pas qu’il n’a pas d’âme, au contraire. Mais les personnages sont secs, durs, anguleux, cruels. Difficilement palpables, aussi, voire même vides pour certains, à peine brossés (forcément, ce sont des coquilles vides qui hébergent des esprits différents, donc leur personnalité propre a disparu depuis longtemps). J’imagine que c’est l’effet recherché, et en cela, c’est vraiment pas mal du tout. Mais il m’a manqué quelque chose pour me retenir parmi ces personnages. A défaut, je suis restée très extérieure à ce roman, en simple spectatrice.
• En fait, je ne suis pas super fan des fantômes. Quand en plus ils sont campés par des personnages détestables, j’accroche encore moins. J’ai néanmoins commencé à apprécier ce petit monde à l’arrivée d’autres personnages dans la tête de Makepeace, apportant un peu de diversité et d’humour léger et sarcastique. La voix des ombres n’est pas une histoire de fantômes, c’est une histoire de quête de soi, et Makepeace va chercher sa place et son identité propre tout au long du récit.
• La plume de l’autrice ne m’a pas non plus hyper emballée. Elle est efficace et colle à merveille le récit : je l’ai trouvée anguleuse, assez sèche, dénuée d’émotions parfois. Peut-être est-ce pour cela aussi que je n’ai pas adhéré à cette écriture. J’apprécie davantage la rondeur et la mélodie dans le phrasé.
• Toujours est-il que ce titre a des atouts, mais il ne me restera malheureusement pas grand-chose de cette lecture. Je reste également dubitative malgré tout sur son classement jeunesse (ou alors je suis vraiment une télétubbies de premier plan) et surtout fantastique (Je suis puriste et pro-Todorov en ce qui concerne le fantastique, du coup rien de tel ici – ce qui n’enlève rien à la qualité du roman).

En pratique

Frances Hardinge, La voix des ombres

VO : A Skinful of Shadows, 2017

VF : Editions Gallimard jeunesse, 2019. Vous pouvez feuilleter le roman sur le site de l’éditeur. A noter qu’une version poche paraîtra en avril 2022 (Folio Junior).

Traduction : Philippe Giraudon

Couverture : Kate Forrester

Je vous invite à aller lire la très belle chronique détaillée de Sometimes a book, qui m’a fait découvrir cette autrice. Qu’elle en soit ici grandement remerciée 🙂

En bref…

Une rencontre mitigée avec cette autrice. L’univers m’a paru vraiment froid et peu attirant. L’écriture est à l’image du récit et ne m’a pas totalement séduite. Le cadre historique est intéressant mais ne m’a pas passionnée non plus. Et je n’ai pas réussi à accrocher aux personnages… En fait, ce n’est pas le problème du livre qui a énormément de qualités; simplement, il ne me correspond pas vraiment. Néanmoins, j’ai bien envie de tenter un autre titre de l’autrice, j’aime bien m’entêter. Le chant du coucou m’attire davantage.