Nutty Elements est une anthologie de fantasy publiée par Nutty Sheep, maison d’édition spécialisée en SFFF. J’ai reçu ce service de presse numérique par le biais de Simplement.Pro et je remercie chaleureusement l’éditeur pour m’avoir proposé de chroniquer cette anthologie. L’occasion pour moi de renouer avec le format court que j’avais un peu délaissé depuis juin, et de connaître à la fois de nouveaux auteurs, et une maison qui m’était inconnue. La découverte s’est révélée assez sympathique.
Synopsis
Qu’ils ventent, noient, brûlent ou ensevelissent, les éléments sont l’essence de la magie et, comme elle, ils ne sont ni bons ni mauvais. Ils marquent toutefois les êtres qui les manipulent, et laissent derrière eux maintes légendes tracées dans la chair. Quelques-unes de ces légendes ont été transcrites sur ces pages, odes aux éléments, à ceux qui les maîtrisent, à ceux qui les subissent. Alors, n’hésitez plus : tournez les pages et apprêtez-vous à brûler, à pleurer pour ces héros – humains, nains, gobelins et créatures plus étranges encore – qui remuent ciel et terre pour un fragment d’histoire.
Composition de Nutty Elements
L’anthologie repose sur les 4 éléments : air, eau, terre et feu. Elle nous embarque dans des mondes différents, avec des créatures imaginaires diverses (nains, gobelins, fées, dragons…) et proposent des fragments d’histoires déclinant les quatre éléments.
Le recueil est donc organisé comme suit :
Elodie Bouchet – Charmeur de flamme
Deux jeunes filles serveuses dans une auberge rêvent d’une autre vie, celle d’artistes, associant leurs talents respectifs de musicienne, et d’illusionniste. La venue ce soir d’un grand artiste maniant ces deux arts tombe à pic, elles vont pouvoir s’en inspirer. Le numéro qu’il joue est époustouflant de magie… Qui est-il vraiment ? D’où vient son don ?
Une jolie nouvelle sur les pouvoirs de la musique et l’illusion qu’elle provoque.
L.S Bragia – La brûlure de l’eau
Sanaël, jeune créature descendante des Raâr, vit avec sa grand-mère. Les Raâr manient le feu, mais craignent l’eau. Alors il a l’interdiction d’approcher la rivière. Toute interdiction étant faite pour être contournée, Sanaël suit un groupe de jeunes Raârs, vers la rivière, prêt à montrer qu’il n’a peur de rien…
Une nouvelle à l’aspect de conte, explorant la dualité de certains individus.
Mafalda Vidal – Douée
Dans une époque et un monde assez similaires à ce que nous connaissons, une jeune femme est chanceuse. Elle gagne tous ses paris. A t-elle le Don ? Si c’était le cas, cela ne l’enchanterait pas…: les Doués doivent être déclarés, et sont corvéables à merci. Alors la jeune dame fait profil bas, tentant de passer entre les mailles du filet…
Là encore, un jeu sur l’illusion, avec un arrière-plan assez dystopique.
Sébastien Verdier – Rêveries du baigneur solitaire
Dans cette nouvelle plutôt contemplative, une créature se prélasse sur la plage. On ne sait pas de suite ce qu’elle est avec précision. Un peu à l’écart des autres, elle est différente. Son domaine, c’est l’eau. Mais elle aime bien flâner de temps à autre sur le sable de cette petite crique, parfois seule, parfois avec Cora. Elle aime bien Cora. C’est le paradis, cette petite crique… enfin pas tout le temps.
Un petit moment hors du temps, au soleil sur le sable, aussi contemplatif que les rêveries de Jean-Jacques à la campagne. C’est très joliment écrit, avec beaucoup de poésie et une plume mélodique, pleine d’effets musicaux.
Damien Thiébaut – Retors-Boyaux
Nous voici chez les nains, qui creusent, encore et encore, des tunnels sous la montagne. Jusqu’à ce que tout se mette à trembler. La destruction du site expose les nains à la lumière du jour, et surtout, ils se rendent compte dans quel pétrin ils se sont fourrés…
Une nouvelle qui se veut humoristique, avec un ton familier, qui montre là encore que les choses peuvent paraître différentes de ce que l’on croyait… J’ai moins aimé le style mais c’est rigolo.
Thierry Fauquembergue – Little big rock
Voici le récit d’un souvenir… Celui d’un terreux géant, qui, après sa rencontre avec une sylphide, rêve de voler. Après une guerre qui le laisse blessé sur le champ de bataille, il renaît, dans un monde différent. Il traverse les époques, mais toujours le rêve demeure…
Nouvelle assez longue, qui traite de la différence, de l’amitié et de l’attachement à travers les années, et de la persistance des rêves. Un peu de mal à bien comprendre le premier temps de cette nouvelle, mais j’ai beaucoup aimé le second, après la renaissance du Terreux.
Yves Barbedette – Sauver Egloskerry
Cette nouvelle nous emmène dans un village où il se passe des choses étranges; des disparitions. Est-ce l’œuvre du démon ? Père James en est persuadé. Mais Peter, petit garçon du village, choisit de mener sa propre enquête, guidé par la fée Aura…
J’ai décelé des inspirations Peter Pan dans cette nouvelle. J’ai bien aimé l’antagonisme James/religion et Peter/féérie. En revanche, la fin m’a complètement laissée de côté, j’ai eu beau relire plusieurs fois, je n’ai pas du tout saisi.
Lancelot Sablon – Telle est la voie des gobelins
Des gobelins ! Qui parviennent à réunir enfin les 4 éléments, grâce à un chaman. Cette découverte a pour but de ramener la magie dans la Contrée…
Un final explosif pour cette anthologie, qui signe la puissance des éléments, réunis, et de la magie.
Une ode aux éléments et à l’imaginaire
Les différentes nouvelles de Nutty Elements puisent dans les légendes, les folklores et les imaginaires féériques. Fées, dragons et nains, mais aussi mythologie celtique, ou encore inspiration littéraire avec des échos à Peter Pan notamment… Bref, des inspirations très diverses.
Nutty Elements propose des variations élémentaires, dans une dimension souvent magique. Les personnages et créatures vivent de ces éléments, les manient; les éléments les définissent aussi, parfois. Mais souvent, et c’est une thématique qui revient plusieurs fois dans l’anthologie, ils se font avoir. Dualité, illusion et faux-semblants : associés à la magie, les éléments peuvent être trompeurs !
Le recueil est petit, et les nouvelles, pour la plupart, très courtes. On est plus sur des récits de souvenirs, d’anecdotes, de petits contes. C’est joli mais c’est parfois tellement rapide que je n’ai pas toujours tout saisi. Il m’a fallu relire plusieurs fois certaines nouvelles pour être sûre de bien les comprendre. Mais ça n’a pas toujours très bien fonctionné. J’ai surtout parfois eu du mal à identifier le message que le texte souhaitait passer.
Les nouvelles sont souvent bâties de la même manière, avec une fin assez ouverte qui laisse le lecteur imaginer la suite. Souvent, ça m’a un peu déroutée, d’ailleurs. Je suis souvent arrivée en fin de texte en me demandant où était la suite… et pourquoi ça s’arrêtait là. Mais c’est aussi au lecteur de prendre le relais et d’exercer son pouvoir d’imagination… !
Nutty Elements : Avis global
L’anthologie se lit assez rapidement, sa lecture est très fluide. J’ai bien aimé la thématique du recueil et son imaginaire très varié.
J’ai néanmoins trouvé l’ensemble assez inégal. Je n’ai pas aimé le style de Retors-Boyaux, et je pense être passée à côté de Sauver Egloskerry que je n’ai pas comprise. C’est donc tout à fait personnel, affaire de goût qui ne remet pas du tout en question la qualité des textes.
Je retiens surtout la nouvelle de Sébastien Verdier, Rêveries d’un baigneur solitaire, pour sa plume si poétique, travaillée et mélodique. J’ai énormément aimé la construction de sa nouvelle, passant de la rêverie idéalisée à la réalité beaucoup plus rude.
Le reste du volume est agréable à lire, on passe un moment de lecture sympathique. J’aurais cependant aimé, comme c’est du format court, que ce soit plus percutant, plus ébouriffant. Mais là encore, question de goût… !
Nutty Elements propose une promenade autour des quatre éléments dans un registre imaginaire. 8 nouvelles, pour 8 univers variés, empruntant aux registres mythologiques, féériques, littéraires. Une lecture sympathique, mais que j’aurais préférée plus percutante. Néanmoins, j’ai découvert des auteurs qui m’étaient inconnus et je suivrai les publications de certains d’entre eux avec curiosité. Merci encore à la maison Nutty Sheep pour ce service de presse, qui m’a fait découvrir cet univers !
Pourquoi pas, à l’occasion. Mais il y a déjà tant de recueils de nouvelles qui me font envie…