Pause Café #38 : Lisez-vous des classiques ?

Mais non, vous ne rêvez pas, c’est bien un numéro de Pause Café ! Je vous l’avais dit qu’elle reviendrait dans la Pause Café précédente ! Cette Pause Café #38 ouvre la nouvelle saison, avec un numéro mensuel au programme. Avec ça, la nouvelle année qui commence s’annonce remplie puisque j’ai déjà 8 autres numéros en préparation. Et on va revenir aux basiques, ce matin. On va parler de classiques. Cette littérature qu’on vous a fait lire à l’école, vous savez ? Celle des manuels de littérature. De Question pour un champion et de Trivial Pursuit. D’ailleurs, êtes-vous plutôt camemberts jaunes et marron ou bleus et orange ? ^^

Mais d’abord, c’est quoi, un « classique » ?

Définition très rapide

« Something that everybody wants to have read and nobody wants to read » (The disappearance of Literature, un discours prononcé par Mark Twain au cours du dîner au 19th century club, Sherry’s à New-York, Novembre 1900).

Un petit tour dans Wikipedia nous éclaire sur la question. « Un classique est un artiste ou une œuvre d’art qui fait autorité dans son domaine, qui est devenu une référence« . A ne pas confondre avec un chef d’œuvre, qui révèle plutôt la maîtrise d’une technique par un artiste, son expertise et son génie. Si un chef -d’œuvre peut être devenu un classique, l’inverse n’est pas forcément le cas.

Le classique est ainsi lié à la réception d’une œuvre, qui a alors subi et remporté l’épreuve de la postérité. Le classique est une référence dans son domaine, intégrant alors ce qu’on appelle la culture générale.

Le classique dans l’histoire littéraire

L’idée du classique n’est pas nouvelle. En effet, déjà dans l’Antiquité, les savants d’Alexandrie étaient chargés d’établir un canon d’auteurs et d’œuvres dits supérieurs. Ce kanon (règle pour mesurer) correspondait en fait au concept romain du classique, regroupant des auteurs de premières classe (Primae classis), étudiés dans les écoles de grammaire et de rhétorique. L’idée était alors de constituer un corpus d’étude de référence. Dès le début, on voit déjà le lien entre classique et éducation.

Ces canons perdurent au Moyen-Age, et sont un des points au cœur de la querelle entre Anciens et Modernes au XVIIe siècle, puis des Romantiques au XIXe. Au XVIIIe siècle, devant l’explosion des parutions (le « trop de sorties, pas assez de qualité » existait déjà à l’époque), des revues mensuelles guident le lectorat, lui indiquant ce qui mérite d’être lu, ce qui peut être mis de côté.

Mais ce lien avec l’instruction a toujours été très étroit. Dans un arrêté du 28 janvier 1890, « le conseil supérieur de l’Instruction publique s’est demandé s’il était bon de restreindre aux classiques le choix des auteurs. Il a décidé que, par le mot classique, il ne fallait pas entendre seulement les auteurs du XVIIe siècle, mais aussi les écrivains du XVIIIe et du XIXe siècles. Les morceaux choisis sont obligatoires dans les classes de grammaire et de lettres ». Au XIXe fleurissent alors les histoires littéraires, ayant pour but d’ordonner, compiler, classer, dans des époques, des styles, des genres… auteurs et œuvres, selon leurs ressemblances.

Sources

Quand on parle de classiques, concrètement, on a quoi ?

Tapez « classiques littérature » dans Google et regardez ce qui sort. Hugo, Zola, Stendhal, Baudelaire, Flaubert… Ah ici je vois Céline et Camus (merci pour le XXe, on serait tenté de croire que la littérature s’est arrêtée au XIXe… Balzac, évidemment, ah tiens, Molière et Racine, deux rescapés du XVIIe, Rabelais par ici…

Dans son article sur la réception des classiques (qui date de 1993 mais qui est intéressant parce qu’il détaille la méthode d’obtention de ces classiques – et puis honnêtement, les noms n’ont pas changé depuis !), Paul Fièvre établit un classement des classiques par le biais de trois vecteurs :

  • les listes d’éditeurs correspondant aux sorties de titres (réédition, poche etc.) –> angle publication;
  • les listes des programmes scolaires –> angle instruction;
  • et enfin, des enquêtes de publics –> angle réception.

Et donc, qu’en sort-il ?

  • Des noms communs aux trois angles, formant une bulle dite canonique, dans laquelle on retrouve des noms bien connus (Hugo, Diderot, La Fontaine, Corneille, Racine, Molière…).
  • Puis des classiques propres à chaque public : des auteurs propres à l’instruction (Voltaire, Montaigne, Boileau, Montesquieu, Pascal… aka les trucs chiants), des textes souvent réédités mais n’attirant pas forcément le public (Proust, Mérimée, Marivaux…) et puis un gros pôle lié à la réception (Tolkien, Barjavel, Lovecraft, Bazin, Sartre, Pagnol…). Rigolo de constater que littératures noire et imaginaire se retrouvent en masse ici.

En bref, un classique recouvre plusieurs réalités, plusieurs sens, selon l’angle sous lequel on se place. En revanche, lorsque les trois angles se rejoignent émergent alors une sorte de canon universel.

Le problème des classiques

Ils sont plus le reflet de notre système de pensée actuel

D’abord, ces classiques sont essentiellement masculins, européanocentrés, XIXémistes, et blancs/colonialistes. C’est particulièrement flagrant dans la liste établie par Paul Fièvre. Il faut aller chercher cet article de Lisez pour trouver enfin des choses différentes.

Mais c’est logique, puisque toutes les entreprises menées pour élaborer ce canon l’ont été par des personnes issues de cette classe sociale et de cette culture. Pour ma part, je pense que cette classissisation est politique, le reflet d’une époque donnée (de sa culture et de ses valeurs dominantes), et de ce que les classes élitistes veulent transmettre et imposer comme modèle. On sait par exemple à quel point les Lumières et le XIXème ont réécrit/raturé/remodelé tout la période du Moyen-Age. C’est Titiou Lecoq aussi qui a expliqué dans son essai Pourquoi les femmes ont été effacées de l’Histoire.

Pour ma part, une liste de classiques me pousse donc plutôt à m’interroger sur l’époque à laquelle elle a été établie.

Un lien avec l’école qui est lourd

Le second problème des classiques, c’est son lien avec l’école. Chacun se rappelle des bouquins obligatoires à lire à l’école. Il en résulte alors un décalage toujours plus prononcé entre les classiques dits scolaires et les classiques de public – ce que démontrait bien le dernier graphique de l’article de Paul Fièvre.

Outre le caractère obligatoire, il y a plusieurs freins qui éloignent selon moi les gens des classiques : le choix de certains titres vieillots, des bouquins à la langue un peu différente (en complet décalage avec les trois mots de vocabulaire d’un Français moyen), une incapacité peut-être à démontrer à quel point certains propos de romans anciens demeurent pourtant d’actualité, l’enseignement même du classique… J’ai passé plusieurs semaines sur Atala et René de Chateaubriand en 4e, QUELLE PLAIE. Déjà ces bouquins sont CHIANTS COMME LA PLUIE mais en plus passer à 13 ans des semaines à décortiquer des phrases, bon Dieu, j’ai maudit mon professeur de français pendant de longues années.

Une fermeture d’esprit assez incroyable

Et surtout, et je m’en suis rendu compte longtemps après, c’est la fabuleuse fermeture d’esprit du système. Peu enclin à s’ouvrir vers d’autres bouquins, fermant la porte à certains textes pour des raisons empiriques jamais développées, et ne remettant que peu en question ces fichus classiques.

Par exemple, on nous rebat les oreilles avec les Lumières avec ses grands philosophes. D’accord, mais enfin, quand Voltaire est étudié, jamais il n’est fait mention de Catherine Bernard… Quand j’étais en classe préparatoire, c’était la passion du XIXe et du Nouveau-Roman. Ahhh Sarraute par-ci, Butor par-là… Soi-disant la dernière grande et belle période de la littérature, parce qu’après, que du nul, sans intérêt. D’ailleurs, on n’en parlait pas. Comme l’imaginaire, ou le polar. C’étaient des genres bannis dont il ne fallait pas prononcer le nom.

Comme si, ouvrir une porte, regarder ailleurs, faire un pas de côté, et relativiser les classiques allaient les faire disparaître ou les souiller. Peut-être est-ce là le danger que je vois à cette sacralisation de textes : une impossible remise en question et une incapacité à s’adapter au public. Ce faisant, on crée selon moi une dichotomie entre une bonne littérature qui serait validée par le système et le reste – une dichotomie qu’on retrouve dans les librairies, chez les éditeurs, dans les salons…

Mon rapport aux classiques

De l’école…

J’ai d’abord lu sans me poser de questions ces bouquins qui faisaient référence. Il y a bien des moments où quand même, je trouvais ça d’un chiant à pleurer et d’une insignifiance totale. Au hasard, Le grand Meaulnes (pfff), Manon Lescaut (au secouuuuurs – mais tiens, c’était un des sujets du bac français cette année, soupir…), Les liaisons dangereuses (croustillant tu parles), Paul et Virginiiiiie (quelle plaiiie), Madame Bovaryyyyy (vous me réveillez quand il se passe un truc ?). Mais bon, on m’avait dit « classiques » alors moi, bête et méchante, j’acquiesçais.

Par la suite, j’ai peu lu pendant une dizaine d’années. Forcément, l’Ecole ne m’a pas appris à aimer lire. Et puis reconversion professionnelle n°1, n°2 et n°3, une production contemporaine que je trouvais certes foisonnante mais assez déprimante dans les sujets traités… Je manquais aussi cruellement de temps pour dépouiller tout ça et trouver les potentiels bouquins susceptibles de me plaire.

… aux loisirs

Ce n’est que depuis 2019 que mes lectures sont à 99% de la SFFF. Désormais, je dévore. Mais je me rends bien compte aussi que j’ai un bagage qui biaise mon regard, me rendant plus attentive par exemple à la qualité de l’écriture qu’au récit. Je vais par exemple abandonner un bouquin si je constate que la langue est faiblarde, ou si la construction est bancale. Et j’ai toujours en tête ce « tout le monde n’est pas Balzac… » prononcé avec une pointe de regret fataliste. Donc je reste encore formatée.

Et maintenant ?

Malgré tout, j’ai depuis peu le désir de relire des classiques, pour plusieurs raisons. Mine de rien, ces bouquins ont influencé notre culture actuelle, ils en sont une partie du socle. Et puis je déteste louper des références dans un livre. Surtout, j’ai envie de détricoter tout ce qu’on m’a appris sur l’histoire et la production littéraires. Pour aller dénicher des autrices mises au placard, par exemple, entendre des voix différentes. J’ai aussi envie d’aller chercher la SFFF dans ses premières manifestations et dans les textes enseignés comme de la blanche. Depuis le temps que le bouquin de Cyrano de Bergerac, L’histoire comique des Etats et Empires de la Lune et du Soleil traîne sur mes étagères…

Et vous ?

Et vous, alors, quel est votre rapport aux classiques ? Est-ce que vous avez eu droit à des lectures traumatisantes à l’école ? Lesquelles ? Ou au contraire, ces lectures vous ont-elles éveillé et donné envie de lire davantage ? Quels sont les classiques étudiés à l’école que vous avez adorés ?
Avez-vous eu la chance d’avoir des enseignants qui sont sortis des sentiers battus pour vous faire découvrir autre chose ?
Lisez-vous encore des classiques aujourd’hui ? Avec quel but, et quel regard ? Quels sont vos classiques à vous ?
Pensez-vous que les classiques sont un incontournable pour comprendre la culture dont il font partie ?

23 thoughts on “Pause Café #38 : Lisez-vous des classiques ?

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  1. Mais quel merveilleuse reprise que cette nouvelle pause des plus complète et intéressante !

    Je me suis retrouvé en tes mots lorsque tu évoques la découverte forcée des classiques d’antan lors de notre scolarité. Ces derniers m’ont semblé de véritables plaies à lire alors que j’étais déjà un assez bon lecteur. Cela dit, je lisais bien plus de fantastiques qu’autre chose à l’époque alors devoir me farcir Maupassant et cie ne m’enchantait que trop peu.

    Et ce jusqu’à il y a peu encore et c’est grâce à la séduisante collection de classiques parue chez nos marchants de journaux que j’ai enfin sauté le pas. Par superficialité au début, j’avoue ces dorures et autres jolités agrémentent parfaitement mes étagères et puis j’ai découvert la poésie de Jane Austen, première claque puis la profondeur des sœurs Brontë, seconde claque. S’en est alors ouvert un sacré royaume que je découvre petit à petit et qui raffole d’œuvres à lire et relire et ce peu importe la langue.

    Pour autant et malgré ma grande appréciation pour ce genre littéraire maintenant, je trouve le terme de classique assez peu glorifiant et majoritairement daté car comme tu le soulignes, notre siècle détient lui aussi sa part d’auteur(e)s que l’on pourrait aisément qualifié de classique malheureusement peu mis en avant.
    Pour ma part, un classique reste surtout une œuvre qui a marqué, peu importe pourquoi et comment, le public à sa sortie et surtout qui perdure dans le temps et traverse les âges sans prendre une ride ou presque. J’ose imaginer que dans cent ans, Harry Potter soit considérer comme tel par exemple.

    Ainsi, faut-il alors changer et moderniser la définition de ce genre littéraire qui sonne un brin pompeux et semblant être limité aux académiciens et autres membres de haute sphère littéraire ?

    En attendant, je file continuer ma découverte grâce à mes retrouvailles d’Edith Wharton, figure féminine de son temps que, si je n’apprécie pleinement ses œuvres, laisse entrevoir que les plumes féminines avec bien plus la côte outre atlantique.

    Un immense merci à toi pour cette délicieuse pause et au plaisir de découvrir les prochaines qui semblent des plus alléchantes 🙂

    1. Je suis ravie que cette pause café t’ait autant plu ! et ravie de retrouver tes commentaires fournis, tes questionnements et tes témoignages, merci infiniment d’être toujours là et de partager ton enthousiasme !
      Je te comprends totalement concernant les lectures forcées à l’école, mais c’est vraiment super que tu aies pu et su dépasser ça pour découvrir d’autres textes et que tu continues à le faire. Bcp auraient laissé tomber, et même si tu parles de superficialité quant à ton attrait pour les contenants, malgré tout ça a servi puisque cela t’a amené à découvrir des romans fabuleux qui t’ont bcp marqué.
      Je ne parlerais pas pour autant de genre concernant les classiques, d’ailleurs chaque genre possède les siens; mais oui, dans tous les cas les classiques de littérature française me semblent un peu poussiéreux et gagneraient à être un peu renouvelés; après tout, n’est classique que ce sui dure et marque dans le temps : un bouquin qui cesserait d’être considéré pour x raisons perdrait j’imagine ce statut. D’ailleurs, ce qui a été classique hier ne l’est plus forcément aujd. J’aimerais qu’une place soit faite pour redécouvrir et enseigner des auteurices qu’on a mis aux oubliettes, des cultures différentes, bref avoir un peu plus de diversité. De ton, de langue, de culture, de point de vue… Et comme tu dis, ce terme de classiques est désormais aussi devenu pompeux et snob.

      Et tu sais quoi ? Je n’ai encore jamais lu Edith Wharton. Je dois y remédier !

  2. Salut, c’est mon premier commentaire ici alors déjà : merci pour tes articles passionnants !

    Lectures traumatisantes : Molière au collège. Je l’ai haï jusqu’en première et la découverte du Misanthrope avec une prof exceptionnelle. Année où je suis tombée amoureuse de Zola avec La Curée, c’était merveilleux, une écriture sensuelle, incroyable de présence. Avec cette prof, j’ai même fini par apprécier Le rouge et le noir. Autre traumatisme : Les lettres persanes, en quatrième. D’où je conclus que lire des classiques à l’école est la seule façon de s’en approcher – c’est le but de l’école d’emmener les élèves vers des horizons nouveaux -, mais qu’au collège on est bien trop jeune et pour s’en rendre compte, et pour appréhender la complexité de ces œuvres, qui par ailleurs sont destinées à un public adulte !

    Aujourd’hui, je suis… prof de français 🙂 Alors oui je lis toujours des classiques, du moins quand j’enseigne à des lycéens, et d’ailleurs je les découvre, après les avoir boudés pendant tout mon cursus universitaire (on peut dire que je suis une prof de lettres avec un bagage à trous. Si je pouvais, je ferais lire Silhol et Bordage.) La vérité c’est qu’on peut difficilement sortir des sentiers battus quand on enseigne, parce qu’on se doit de « faire le programme ». Au lycée, on a un choix minime d’œuvres à piocher dans une liste imposée. Au collège, on est beaucoup plus libre, mais quand le programme demande explicitement à étudier « une comédie du XVIIe », à part Molière je sèche ^^
    J’étais stagiaire l’année dernière, et je serai à nouveau inspectée cette année, donc ce n’est pas cette fois que je ferai des vagues… Sinon j’ai tendance à esquiver les chapitres consacrés au théâtre – je n’aime pas ça, même si Marivaux c’est génial (mais pas en collège évidemment) et aux fabliaux, quelle horreur.

    Pour moi désormais la question de savoir si un livre est un classique importe peu. Ça m’a fait marrer de voir des collègues, sur les forums, bouder Hélène Dorion qui vient d’entrer au programme du bac au profit d’œuvres « patrimoniales ». Ce qui m’importe c’est que le livre soit bon. Je n’enseignerai jamais Rabelais sans y être contrainte, je le trouve vulgaire et franchement sa réflexion est assez pauvre (ne me jetez pas de pierres !! :D)

    1. Bonjour et merci beaucoup pour ton retour et ton commentaire ! Je suis très contente que tu sois venue partager ton expérience, de lectrice et d’enseignante.
      C’est très amusant d’abord parce que tu as eu un coup de foudre avec Zola en 1ère, j’ai eu le même un an plus tôt, avec L’œuvre (pourtant pas le plus waouh, mais j’avais adoré ça).
      J’aime beaucoup ton point de vue et ton analyse sur les classiques et leur enseignement à l’école, et c’est totalement vrai ce que tu dis : l’école permet la découverte de ces textes, mais paradoxalement on les fait lire à ces ados jeunes alors qu’ils sont destinés plutôt à un public adulte 😐 Je n’avais jamais fait ce constat qui pourtant coule de source !

      Et c’est assez génial que tu sois devenue enseignante malgré ces premières rencontres difficiles avec la littérature. Parce que j’imagine que comme tu as vécu ça, tu prends garde à ne pas reproduire ces erreurs de casting, on va dire, avec tes élèves. C’est très précieux, ça, et je pense que ton enseignement du coup est bcp plus bienveillant et que tes élèves doivent le ressentir. Je pense que ça doit mieux passer pour eux. Quant aux programmes… c’est là qu’est le problème selon moi (et pas qu’en lettres, mais c’est un autre sujet ahah :D).
      C’est évident que ce n’est pas pendant ton année de stage que tu pouvais tout bouleverser et tout révolutionner; je regrette que les enseignants n’aient pas plus de liberté sur quoi et comment enseigner, d’autant qu’ils sont souvent inspectés par de vieux cons qui n’ont pas vu une classe depuis des lustres (m’enfin c’est aussi un autre sujet ahah :D). Je n’ai jamais pris autant de plaisir à l’école que quand j’avais des enseignants qui envoyaient bouler le programme ou le tordaient pour en faire qqch de chouette (je me souviens d’un cours mémorable de philosophie sur la matière et l’esprit où on a étudié Matrix, au détriment des penseurs grecs ou latins; ou encore de la lecture de Truismes de Darrieussecq en seconde, quel pied !).

      (et entre nous, je n’aime pas le théâtre non plus ! Quant à Rabelais, oui c’est vulgaire, et puis pour le coup, on ne peut plus trop le lire dans son jus, celui-là… Donc je te rassure, point de pierres ni de tomates ici, au contraire :D)

      En tout cas, merci encore pour ton retour d’expérience, c’est toujours passionnant et utile de comprendre comment ça se passe de l’autre côté. Je te souhaite bon courage pour ton inspection ! J’espère que ça va bien se passer.

  3. Chouette, le retour des pauses café 🙂 Avec un joli sujet en plus.

    Je n’ai plus trop de souvenirs des lectures scolaires. Il faut dire que je lisais déjà énormément, et assez rapidement. Alors je choisissais les plus gros pavés possibles (ma prof de français proposait souvent 3 choix de lectures au lycée, pour ne pas décourager les élèves qui ne lisaient jamais avec un pavé), et je les lisais sans trop de difficultés, même si je n’adorais pas. Par contre, j’en ai tout oublié aujourd’hui.

    J’ai essayé il y a quelques années de me replonger dans les vrais classiques, mais Zola n’est pas passé. Je retrouve le même problème que dans mes lectures de contemporains ; un ennui profond. Si j’ai envie d’avoir une analyse de la société et de ses travers, je n’ai qu’à allumer la télé, ou même me balader dans une grand ville… très peu pour moi.
    Il me faut absolument de l’imaginaire, désormais, pour accrocher à une lecture. Même si ce n’est qu’un soupçon, au milieu d’historique, comme chez Guy Gavriel Kay. Mais sans, je peine à finir ma lecture :/

    Du coup je lis des classiques, mais de l’imaginaire 😀 Dracula y est déjà passé il y une paire d’année, et j’avais beaucoup aimé. Tolkien aussi, évidemment (et tous les écrits tournant autour de son univers) ; j’adore les mécanismes de création d’univers et de langue. J’ai aussi commencé toute la bibliographie de Stephen King, dont je n’avais lu qu’un ou deux bouquins. Sa critique de la société américaine au travers de l’imaginaire me fait parfois un peu soupirer, tout comme les longueurs, mais j’accroche bien.
    Et je viens justement de commencer aujourd’hui Frankenstein de Mary Shelley, un autre classique 🙂

    Je trouve que lire des classiques est intéressant, dans le sens où ils sont souvent fondateurs de pleins d’idées, et repris par beaucoup d’auteurs d’aujourd’hui. J’ai encore croisé une scène ressemblant énormément à Salem de Stephen King, impliquant un vampire et un prêtre, dans L’Empire du Vampire de Jay Kristoff.
    Pour le coup, ça m’a sauté aux yeux, ma lecture de Salem datait de quelques semaines ^^’ Ca ne laisse pas une super impression du livre « copieur », il faut avouer, même si celui-là a d’autres atouts.

    La SF viendra après, avec Dune notamment, mais je suis moins adepte de ce genre. Je me presse donc moins 🙂

    1. Je suis très contente que tu te réjouisses du retour des Pauses café et que le sujet te plaise ! Merci beaucoup pour ton commentaire et le partage de tes ressentis sur ce sujet.
      Ah oui, je peux comprendre que Zola ennuie, en effet, et que tout roman réaliste n’offre pas l’évasion attendue, effectivement difficile de se croire dans de la fiction quand cela retranscrit un présent et une actualité en plus grisonnants 🙁
      J’aime aussi relire des classiques pour en retrouver des bribes dans des romans actuels, j’aime bien connaître et deviner les sources d’inspiration; je me souviens de Lazaret 44 qui était une réécriture de Germinal, j’avais trouvé ça très réussi et fort convaincant.
      J’aimerais aussi avoir le courage de lire Dune, ou Fondation, mais le côté un peu vieillot et pavé me rebute, alors comme toi je me presse un peu moins !
      Et comme tu le soulignes très justement, à chaque genre ses classiques ! L’imaginaire en a plein également, et je m’efforce aussi d’en lire un peu plus, avec ma rubrique « aux sources de l’imaginaire » notamment; récemment j’ai découvert Bradbury, puis Philip K. Dick et Gibson, à chaque fois c’étaient de très belles lectures.
      Je n’ai encore jamais lu Jay Kristoff, ni G. G Kay, mais c’est prévu ! J’ai la mosaïque sarantine dans ma bibliothèque depuis 3 ans, un jour je m’y mettrai… !

  4. Hello
    C’est un article très intéressant.
    Quel traumatisme que ces classiques étudiés au collège / Lycée.
    A vous dégoûter de la lecture !
    Au collège je lisais déjà énormément. Peu de classiques certes mais je lisais (presque) de tout en contemporain.
    Je me souviens de notre professeur de français en 4ème ou 3ème qui nous faisait lire en classe « Les Allumettes Suédoises » de Robert Sabatier. C’est la première fois que j’ai connu une panne de lecture… Je vois encore les visages désespérés et torturés (oui littéralement) de mes camarades pendant ces cours. Et je me suis toujours dit : Mais quelle idée…
    Au lycée j’ai découvert et apprécié certains titres que tu mentionnes : Manon Lescaut (trop bien !) Les Liaisons Dangereuses (je l’ai même relu plusieurs fois tellement c’était trop bien 🙂 ) mais bien évidemment c’est vieux. Il s’agit plus là de montrer à la jeunesse un système tellement éloigné de nos conditions de vie à une période où eux-mêmes cherchent à comprendre notre monde et leur place dans celui-ci. Ils ont d’autres préoccupations et on peut les comprendre.
    Je vois toutefois une nette évolution dans l’apprentissage de la lecture (entendre ici s’approprier une culture via un texte) au collège et lycée.
    Mon fils va être « obligé » de lire Fahrenheit 451″ de Bradbury cette année en seconde.
    Au collège c’était plutôt Tom Sawyer, l’île au Trésor
    Comme quoi les classiques évoluent en même temps que certains professeurs 😉
    C’est plutôt encourageant.

    1. Oui heureusement les lectures évoluent un peu, et tant mieux 🙂 C’est vrai que j’ai eu de grosses lectures trauma aussi à l’école, jusqu’au lycée où j’ai découvert des titres chouettes, en dehors des sentiers battus et j’ai eu une enseignante en première qui nous avait laissé le choix dans une thématique; ça c’était cool, ça a vraiment permis aux gens de la classe de lire ce qu’ils souhaitaient sans être bridés.
      Fahrenheit 451 c’est top ! par contre, je me souviens que quand je l’avais chroniqué, bcp m’ont dit que ça avait été une lecture d’école et qu’il ne leur en restait pas grand chose – je me demande donc, pour renouer avec ce que disait Kalys, si ce genre de livres sont bien adaptés pour un lectorat si jeune… J’espère ton fils va apprécier sa lecture en tout cas !

  5. Superbe article mêlant historique, analyse et ressenti personnel.
    Étant Belge et issue de la campagne, j’ai un rapport aux classiques bien diffraction des Français. On en lisait mais très peu. Je me souviens de L’assompoir de Zola et de l’étranger de Camus. De Boris Vian aussi. A côté, on lisait des prix littéraires ou d’autres romans issus de la littérature blanche. Dans les premières années, on avait quand même droit à un petit polar jeunesse. Mais rien dans l’imaginaire ou la SF. Du coup, j’ai surtout vécu avec une culture générale qu’une lecture des classiques. Je me suis mis à en lire quelques uns il y a quelques années. Par contre, ça fait 2 ans que je n’en ai plus touché.
    Dans ces classiques, j’y inclus les romans qu’on classe aujourd’hui dans l’horrifique mais qui n’était pas appelé comme tel à l’époque. Je pense notamment au Docteur Jekyll et Mister Hyde.
    J’ai aussi lu du Jane Austen.
    J’ai envie de tout doucement renouer avec des lectures que je qualifie de Classique car elles sont écrites par des femmes incroyables dont on a tu le nom depuis longtemps.
    Avec la lecture de l’anthologie Étrange K Dick, j’ai eu envie de me plonger dans la bibliographie de cet auteur classique en imaginaire.
    Bref, je me forge mes propres classiques dans la littérature qui fut autrefois ( et encore aujourd’hui pour une poignée de personnes) mise au ban de la société.

    1. Merci pour ton retour ! Tiens je profite de ton commentaire très intéressant pour te poser une question. Est-ce qu’il existe une littérature belge ? Je veux dire avec des classiques, des histoires littéraires etc. ? Je pose la question parce qu’en Belgique il me semble qu’il y a une double culture wallonne et flamande, et je me demandais s’il y avait des auteurices phares qui sont enseignés et qui ont structuré cette double culture littéraire.
      Ou bien est-ce que ce qu’on appelle littérature belge est comprise dans qqch de plus large, du style « littérature francophone » ? Parce que les auteurs que tu cites sont tous français, et je me demandais dans quelle mesure, dans les pays francophones, la littérature française n’écrasait pas tout.
      Et sinon, j’ai la même approche que toi maintenant vis à vis de ces classiques : découvrir des auteurs et autrices mis de côté par les récits officiels; en somme, me refaire une histoire littéraire à ma sauce… !

      1. Avant toute chose, je vais préciser que je ne suis pas spécialiste. Mon commentaire révèlera donc de mon expérience en tant qu’historienne de l’art et mon ressenti général sur cette notion de littérature belge.

        Comme tu l’as dit, la Belgique est un patchwork de cultures : Wallon, Flamand et germanophone (oui, on oublie souvent qu’elle existe cette minuscule communauté située non loin de Liège). Notion importante : le Wallon et le Flamand sont des ensembles de patois. Le Wallon namurois n’est pas le même que le hennuyer (pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ;-). Idem pour le Flamand.

        De ce fait, on pourrait penser que la littérature classique belge (que l’on va situer mi-XIXe jusqu’au début XXe )est un ensemble d’œuvres écrites selon la langue de l’écrivain…que nenni. Car à la naissance du royaume, le Français s’est imposé dans les institutions. Au Parlement ? On parle français et on écrit français. Pour avoir la côte dans le milieu littéraire et artistique ? Encore le français.

        Je ne dis pas qu’aucun.e auteur.ice n’a produit dans sa langue natale, mais je suis complètement ignare sur le sujet pour cette époque, du moins pour le côté flamand. En wallon, je sais qu’Arthur Masson (écrivain local de ma campagne) a inséré le dialecte wallon dans ses romans.

        Pourquoi suis-je aussi inculte sur le sujet ? Car on ne l’a jamais évoqué en classe. Bien sûr, je ne parle que de ma petite école paumée en pleine campagne, dans le fin fond de la Belgique. Peut-être que dans d’autres écoles (notamment celle qui porte le nom d’un auteur belge Jean Ray) ou dans les grandes villes, le sujet a été abordé. Avant d’arriver à l’université, je ne connaissais que Georges Simenon (auteur de polar liégeois), car on avait croisé sa statue sur un banc lors d’une excursion à Liège. Et, les auteurs de BD dont Hergé bien entendu. Même Amélie Nothomb, mes profs de français l’évitaient. Et je dois avouer, qu’encore aujourd’hui, je n’ai pas lu un seul de ses romans.

        Ma rencontre avec des auteurs classiques belges remontent à l’université, car ceux-ci voguaient dans le monde artistique et produisaient des essais sur les artistes comme Camille Lemonnier. Durant mon premier job, je lisais énormément de légendes mises sur papier par des auteurs du XIXe siècle comme Charles De Coster.

        Je pense que la littérature belge classique est une notion récente. Une étiquette qui cherche dans le passé des noms qui ont eu une certaine renommée sur la scène littéraire francophone, mais qui ont été longtemps absents des manuels scolaires (si du moins, ils y apparaissent aujourd’hui). Je pense que cette absence de considération pour nos auteurs est bénéfiques pour les vivants. Avec des projets comme Objectif plumes et Osez lire le Belge, ce sont les auteur.ices actuel.les qui sont présent.es sur la scène et dans les classes.

        Fait qui pour moi montre bien que la Belgique a délaissé ses auteurs pendant des lustres avant d’agir : une loi a été émise pour les auteurs (qui d’ailleurs n’ont pas de statut propre en fiscalité belge). S’ils publient hors de la Belgique, ils sont obligés de déposer leur ouvrage à la bibliothèque royale, même s’il est déposé dans le pays où il voit le jour.

        Dans le côté francophone du pays, c’est donc clairement la production française qui a pris le pas. Il est possible que les Flamands ne soient pas aussi effacé chez eux par la production néerlandaise ou d’un autre pays. Mais, je ne saurais l’affirmer. 🙂

        1. Je comprends un peu mieux, merci pour toutes ces précisions et d’avoir pris le temps de développer tout cela !
          Deux choses qui me frappent : on oublie effectivement la partie germanophone, et on a tendance, côté français, à intégrer dans la littérature française des auteurices belges. J’avais par exemple complètement oublié que Simenon était belge, et je découvre totalement que c’est aussi le cas d’Amélie Nothomb ! J’ai vraiment l’impression qu’il y a une sorte d’avalement, par la culture française, de tout ce qui est francophone au sens large, puis d’invisibilisation de ces différentes productions artistiques qui se font engloutir.
          Je regrette un peu pour ma part que ne soit pas du tout enseigné à l’école française un peu d’histoire de nos pays voisins, parce qu’on n’y connait rien, et on met une étiquette « français » sur des personnes, des faits et des œuvres qui ne le sont pas du tout, finalement.
          C’est intéressant ton analyse sur une littérature passée et son impact plutôt positif pour les auteurices d’aujourd’hui.

          Merci encore pour ton point de vue et ces éléments de contexte, c’est très éclairant !

          1. Avec plaisir.
            Nous sommes habitués à voir les Français intégrer nos artistes. C’est tenace car au XIXe siècles de nombreux artistes faisaient leur carrière à Paris. Et ça touche quasi tous les secteurs comme la musique. Le nombre de fois que j’ai vu sur mes réseaux des Français épingler Stromae comme artiste français par exemple.
            Mais bon, je mets ça aussi sur le fait que la revendication d’être belge reste récente.
            Pour en revenir à la musique, lorsque j’étais ado on n’entendait que des chanteurs français ou anglophones. De nos jours, les artistes belges ont leur place sur les ondes ou la télé sans pour autant percer hors des frontières alors qu’avant ils n’étaient visibles que dans des festivals.

          2. De ce fait, j’ai l’impression que cette culture proprement belge est en pleine émergence, en plein bouillonnement, et ça doit être assez enthousiasmant de voir qu’elle prend ses marques et se forge sa propre identité !

          3. Je ne dirais pas qu’elle est totalement inédite, amis plutôt qu’elle ose s’affirmer. Et qu’enfin on valorise nos pépites.

  6. J’adore les classiques du 19ème pour ma part. J’en ai lu beaucoup quand j’étais ado : Zola, Maupassant, Dumas, les sœurs Brontë, Balzac (mais j’étais pas fan), Hugo, Stendhal… Souvent je découvrais les auteurs avant qu’on nous les fasse lire en classe (j’ai lu Germinal à 14 ans). Avec ma relecture zolienne, il me prend l’envie de m’y replonger en réparant une grosse tâche aveugle : les classiques russes.

    1. J’aime tellement Zola 🙂 Stendhal aussi ohlala que j’ai aimé Le rouge et le noir et La chartreuse de Parme !
      Balzac m’éclate un peu moins, et malheureusement Maupassant a été un trauma d’école ^^ Dumas par contre j’aimerais vraiment le relire et le redécouvrir.
      Ah, les classiques russes. Je serai bien curieuse de ton expérience là-dedans, ça pourrait me motiver aussi ! Je n’en ai que peu lu, Anna Karénine je crois (je n’en garde aucun souvenir, Guerre et Paix, que j’ai adoré en revanche, je l’avais lu après la mini-série avec Clémence Poésy) et puis Crime et Châtiments). J’adorerais lire Docteur Jivago par ex., ou encore Soljenitsyne ou Tchekov… Si tu te lances là-dedans, je serais bien tentée de t’accompagner !

      1. Ok je garde ça en tête, ça pourrait me motiver.
        Guerre et Paix j’ai un bon souvenir du film. Dumas j’aimerais bien m’y remettre aussi. J’avais trop tellement kiffé La reine Margot. J’en ai lu quelques uns mais pas tant que ça, je l’ai découvert assez tard et puis les classiques m’ont passé.

  7. J’aurais mis le temps, mais me voilà pour réagir à cette pause café fort passionnante ! 🙂 (et c’est le retour du pavé ^^)

    Comme tu le soulignes, le problème des classiques, c’est qu’ils sont le fruit d’une sélection par un groupe social donné, dominant et fermé. Du coup, tant pis pour la rigueur littéraire, je me suis forgé ma propre définition du classique. Oeuvre pionnière ou fondatrice ? Classique. Et comme par hasard, beaucoup d’autrices figurent au bataillon, la majorité tombée dans l’oubli – mais elles commencent à être « redécouvertes ». C’est pareil en SFFF : combien mentionnent Jules Verne comme le père de la SF, zappant complètement Mary Shelley et son Frankenstein, par exemple. Encore que là, on est sur la plus connue – je n’ai découvert que très récemment l’existence du roman Le monde glorieux de Margaret Cavendish, qui pourrait prévaloir à ce titre de précurseur du genre et qui date de 1666. A mes yeux, ça c’est un classique ! D’autant que The Blazing World a eu un impact sur des oeuvres anglosaxonnes contemporaines (même si certaines idées développées, côté philosophie, sont datées, ça reste révolutionnaire pour l’époque concernant le traitement de l’égalité des sexes). D’ailleurs c’est marrant que tu parles de L’histoire comique des Etats et Empires de la Lune et du Soleil de Cyrano de Bergerac (que j’aimerais lire aussi à l’occasion, il fait partie des nombreuses références de la BD De Cape et de Crocs), car Le monde glorieux lui est souvent comparé, ayant été publiés à une dizaine d’années d’écart. Du coup je compte lire The Blazing World à l’occasion pour parfaire ma culture SFFF classique et féministe ! 🙂

    J’ai un rapport plutôt bon avec les classiques. Durant ma scolarité, j’ai eu la chance d’étudier des textes qui me plaisaient la plupart du temps : en 6e, on avait étudié des contes de Perrault et du lire Les pilleurs de sarcophages d’Odile Weulersse (que j’ai toujours !), toujours au collège Le Horla de Maupassant et La cafetière de Théophile Gautier m’ont ouvert la porte sur le fantastique, que je découvrais aussi en parallèle avec Stephen King (La Captive de Dunkelstadt est d’ailleurs un hommage aux nouvelles de Gautier, que j’ai tellement aimées !) ; au lycée, mis à part L’assommoir qui m’avait assommée, j’étais spécialisée L et on a étudié Oedipe Roi, Tristan et Iseult, Si c’est un homme, Le joueur d’échec, Les fleurs du Mal…. que des oeuvres qui m’ont beaucoup plu. J’ai même lu toute seule, mue par une simple curiosité, des classiques : Les hauts de hurlevent sur la plage, pendant les vacances (mon vieux poche a toujours quelques grains de sable ^^) ; Les liaisons dangereuses ; les pièces de Shakespeare (merci au film Roméo + Juliette), Le grand Meaulnes (quelle déception…)… et je ne parle pas de Jane Eyre, un de mes romans préférés, et pourtant un classique !

    J’ai souvenir cependant d’une lecture désagréable, la seule que je n’ai pas menée au bout (pourtant lecture obligatoire, et moi la bonne élève j’avais séché le devoir tellement le bouquin me saoulait) : c’était L’enfant de Jules Vallès. J’ai été infichue de le lire en entier, alors que j’étais déjà un rat de bibliothèque qui lisait de tout et jusqu’au bout. Mon premier abandon ! Et pendant mes études supérieures, j’ai du lire un roman de Houellebecq, ouais ben j’en lirai pas d’autre. Je ne comprends pas le culte voué à cet auteur…

    Sinon, dans l’ensemble, ça me donnait plutôt envie de lire davantage qu’autre chose, mais encore une fois, entre ma curiosité naturelle, mon côté « bookworm » affirmé et la chance d’avoir eu des programmes intéressants et même, parfois, des profs passionnés (kudos à ma prof de lettres en première et son enthousiasme communicatif, qui proposait des listes de lectures passionnantes en lien avec les oeuvres étudiées), bref, ça n’a pas affecté mon rapport à la lecture, au contraire, ça m’a permis de découvrir des oeuvres – et de me faire un socle de culture « classique ».

    Aujourd’hui, comme je le disais en préambule, je lis toujours des classiques mais oubliés : les autrices longtemps éloignées des sélections masculines (et qui le sont toujours même si les lignes commencent à bouger). Les contes (souvent dans l’optique d’une réécriture :p). Ceux qui sont des références dans des oeuvres que j’adore (romans inspirés de ; films adaptés de ; etc)

    Avis personnel, mais j’estime que lire des classiques (enfin, pas forcément ceux établis par l’Education nationale, hein) est un point fort pour saisir l’histoire d’un genre littéraire, des références et influences qui courent encore aujourd’hui, et mieux admirer la façon dont, parfois, des auteurs contemporains se les réapproprient (enfin ça, ça marche surtout pour le conte, mais pas que). Mais, à mon avis toujours, on peut très bien avoir un bon bagage culturel sans avoir lu de classiques (d’autant que ceux-ci sont souvent des listes fermées). Je ne suis pas pour cet élitisme qui veut qu’une personne ne lisant pas de classiques n’est pas un vrai lecteur/une vraie lectrice. En lire, c’est bien, c’est un gros plus, mais ne pas en lire, ce n’est pas non plus un indispensable, car le propre de la culture, c’est aussi d’être mouvante, portée par les voix de ses différentes époques / milieux, dont la diversité est trop souvent effacée par ces fameuses listes de classiques, qui sont élitistes.

    Ah, pour info, je suis bibliothécaire, j’ai fait des études de lettres, mais je n’ai jamais lu Proust et je ne me sens pas illégimite pour autant 😛

    1. enfin je réponds à ton commentaire, je suis désolée pour le délai de ma réponse, je ne l’ai pas vu. Pourtant il était assez gros pour ne pas le louper 😀
      Ah tiens, Le monde glorieux je ne connais pas. je note sur mes tablettes.
      Je te rejoins sur ta perception des classiques, d’ailleurs ce qui m’importe à mon sens c’est de donner le goût de la lecture à quelqu’un, qui saura ensuite lire ces classiques, les lire comme il le souhaite; rien n’et jamais perdu. Sauf effectivement cette intertextualité que tu mentionnes, mais rien n’empêche alors de relire des bouquins avec ce nouveau regard.

      Par contre, Proust c’est un scandale (non je plaisante). J’ai tenté trois fois, il faut dire que j’ai dû lire Albertine disparue en khâgne, c’était ballot, c’était le tome 6 🙁 évidemment, j’ai pas lu la recherche à ce moment, mais bien après, après deux tentatives; la 3e fut la bonne (aussi grâce au téléfilm qui est sorti, et excellent, dispo sur arte vod). Que j’aime Proust. Mais je conçois que le vendre est bien difficile (plus que Crystal Singer héhé).

      Quant au petit chose ou l’enfant, c’est tout à fait le genre de titres qui faisaient s’endormir nos parents quand ils étaient enfants (avec le grand meaulnes), alors je te crois sur paroles 😀 j’ai pas lu et j’ai franchement pas envie !!

  8. mea culpa, je me suis trompée c’était Le petit chose que j’ai pas pu lire en entier ! (le bouquin m’a tellement barbée que je l’ai mélangée avec un autre XD)

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