Un épisode d’avis flash pour cette semaine, portant sur trois romans pour lesquels je n’ai pas grand chose à dire de plus que quelques lignes. Des livres plutôt sympas, pas plus inoubliables mais qui ont eu le mérite de m’aider à maintenir mon petit rythme de lecture retrouvé depuis avril. Trois romans dans des genres très différents, et trois aventures qui m’ont davantage plu pour ça que pour la qualité du texte.
Au menu de l’avis flash #24 du mois :
– Stéphane Arnier, La brume l’emportera
– Stuart Turton, Les sept morts d’Evelyn Hardcastle
– Keigo Higashino, La maison où je suis mort autrefois
Stéphane Arnier – La brume l’emportera
J’ai lu ce roman pour le Prix Imaginales des bibliothèques 2025, pour lequel j’avais déjà lu notamment Plein ciel et Sous un carré d’immortelles. J’ai d’ailleurs voté pour ce dernier, mais c’est Plein ciel, sans surprise, qui a remporté le prix.
La brume l’emportera était la pépite de l’imaginaire de Mnémos l’année dernière.
C’était une bien étrange lecture, que cette brume. J’en avais lu des retours enthousiastes et plutôt passionnés, aussi était-ce le roman de la sélection du PIB qui me plaisait le plus sur le papier. Toutefois, ça plus l’étiquette « pépite » ont cependant créé de trop grosses attentes. Attentes qui pourtant ne me semblaient pas non plus super exigeantes, vu mon rythme de lecture en ce moment : j’attendais juste d’être transportée par un texte original.
4e de couverture

Dans un monde inexorablement englouti par une brume remontant du passé, Keb Gris-de-pierre, berger de son état, a tout perdu. Maramazoe, guerrière renommée du peuple des mers, est une paria. Autrefois ennemis, ils arpentent ensemble les sentiers de montagne et les crêtes escarpées à la recherche d’une échappatoire, mais également de réponses… Quel qu’en soit le prix.
Avis flash
Très étrangement, je n’ai pas grand chose de rédhibitoire à reprocher à ce roman. Il est bien écrit, bien relu. Il tient la route, et propose un schéma narratif un peu déconstruit avec des allers-retours dans le temps et l’espace. Enfin, il sort des sentiers battus de la fantasy. Pas de quête ici, pas de romance, pas de personnages jeunes. Au contraire, une amitié qui se construit, des personnages assez âgés qui ont déjà vécu, une histoire de résilience et de leçons de vie.
Pour autant, cela ne m’a pas plus emballée que ça et j’ai traîné le bouquin comme un boulet au pied pendant quinze jours. Heureusement que je l’ai lu en LC avec ma copine Sandra sinon je ne l’aurais pas lu en diagonale mais tout bonnement arrêté à la moitié. Mais pourquoi donc, si sur le papier c’était prometteur ?
D’abord, j’ai aimé l’univers, mais si on ne fait que l’effleurer. Il n’y a pas grand chose qui nous permette de bien saisir tous les enjeux. C’est dommage : le bouquin fait presque 400 pages, il y aurait eu moyen.
Et puis surtout, quel ennui. Magistral. Non seulement je n’ai pas vibré, mais je me suis ennuyée dur comme fer… Est-ce dû aux personnages principaux qui ne m’ont pas séduite ? Au rythme assez lent et finalement contemplatif ? Aux péripéties bien rares, et qui semblent alourdies par un déroulé prévisible et des personnages récurrents ?
Bref, un bouquin à mes yeux trop propre et trop lisse. Point de grain de folie, point d’originalité dingue, point de waouh, point d’inoubliable. C’est dommage, c’est ça, pour moi, la pépite. Alors les étiquettes marketing c’est bien joli, mais encore faudrait-il que derrière, ça soit à la hauteur… Une pépite, ce n’est pas juste un bon bouquin.
Stuart Turton – Les sept morts d’Evelyn Hardcastle
4e de couverture

Ce soir à 11 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée.
Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ?
Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre.
Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée.
Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.
Avis flash
Un léger sentiment de grosse arnaque littéraire en refermant la dernière page de ce roman à énigme. Mais qui m’a plutôt amusée.
D’abord, parce que je m’attendais à une plume. Je ne sais pas pourquoi j’avais imaginé un texte un peu ironique et sarcastique, aux vibes Christiesques. Si j’avais lu les premières lignes avant de me plonger tête baissée dans le bouquin, sans doute ne l’aurais-je pas lu. Parce que tout de suite, on comprend bien que la plume n’a aucune originalité ni aucune personnalité. C’est du texte propre, mais d’une banalité sur tous les plans. Aucun style, aucune patte. Fort dommage, car le texte est écrit au « je », et le style n’évolue jamais malgré le changement de personnalité de ses différents hôtes ; c’est vraiment un énorme loupé de mon point de vue.
Le résumé nous parle d’Evelyn Hardcastle, mais on ne la voit débarquer réellement qu’un bon cinquième du texte passé. A tel point que je me suis demandé si je ne m’étais pas trompée de bouquin. J’avoue ne rien avoir saisi au texte pendant un bon bout de temps, et pour cause, le résumé en fait est à côté de la plaque. Il en dit trop trop vite sur cette fameuse Evelyn, et omet surtout d’évoquer le plus important : le narrateur change de peau chaque jour pour devenir un des personnages de ce theatrum mundi.
Une fois cela compris, j’ai pu m’immerger dans le texte (on était quand même à la bonne moitié). Malheureusement, ces personnages ne sont que des êtres de papier; à l’image de l’écriture, ces personnages n’ont aucune psychologie, aucune consistance, aucune humanité. Rien qui ne fait vibrer. Comme le dit si bien mon amie Sandra, « ces personnages sont soit détestables, soit complètement cons, et au final on s’en contrefout de ce qui leur arrive, du coup ça tombe à plat ». Bien vrai.
Malgré tout, j’ai fini par m’amuser un peu avec ces changements de peau, les retours dans le temps et ces timelines modifiées à la Retour vers le futur. Je ne suis pas du tout habituée aux textes de ce genre, suis souvent assez nulle pour deviner les trucs à l’avance et il me faut toujours 36 ans pour comprendre les devinettes. Donc ça m’a divertie. Mais je me dois de rester honnête. Le texte est beaucoup trop long et pesant, cassant tout l’effet percutant souhaité (plus de 500 pages, au secours). D’autre part, il y a de grosses ficelles, des facilités scénaristiques, des complications complètement artificielles, et surtout une fin assez décevante par rapport à tout le bouquin.
En bref, voilà un ouvrage médiocre (pour ne pas dire nul de mon point de vue, mais vous allez encore dire que je suis trop dure), mais qui m’a plutôt bien divertie malgré ses défauts.
Keigo Higashino – La maison où je suis mort autrefois
4e de couverture

Sayaka Kurahashi n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans.
Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L’entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques…
Avis flash
J’ai eu envie de retenter l’expérience Higashino, après mon avis moui bof des Miracles du bazar Namiya (dont je n’ai aucun souvenir ou presque).
Ici, on n’est pas dans de l’imaginaire mais dans de la littérature noire, avec en plus une maison. Vous vous rappelez, jadis, j’avais un petit challenge perso portant sur des textes se déroulant dans une maison. C’est un topos qui me plaît bien. Voilà donc les raisons pour lesquelles j’ai eu envie de lire ce roman. Roman que j’ai lu en moins de 24 heures.
J’ai retrouvé les personnages traités de manière typiquement japonaise : des personnages aussi lisses que ceux représentés sur les estampes. Ce n’est pas qu’il n’ont pas de psychologie dépeinte, mais la représentation physique des personnages ainsi que les dialogues sont toujours très vaporeux, sur la retenue, comme ayant peur d’en dévoiler trop. Il en résulte une certaine pudeur qu’on pourrait prendre pour de la distance et de la froideur. Je n’ai pas lu je crois de textes d’autres auteurices asiatiques, aussi ne sais-je pas si c’est une caractéristique typiquement japonaise ou si c’est plus large. Enfin bref, ce style me déroute un peu mais j’ai apprécié cette vision différente de l’individualité.
Je ne peux néanmoins pas dire que les personnages m’ont semblé attachants ni qu’ils m’ont fait vibrer. Les codes et rapports sociaux japonais me sont en plus bien trop étrangers et incompréhensibles. De ce fait, j’ai trouvé étrange que l’ex petit ami accepte aussi facilement de suivre Sayaka dans ses embrouilles. De la même façon, la manière dont les personnages restent maîtres d’eux-mêmes sans jamais montrer d’émotion quelconque… a généré chez moi un peu la même chose. Je suis restée très spectatrice et en retrait.
Toutefois, le récit a réussi à m’intéresser. Le roman est court, percutant, efficace et précis. Pas de circonvolutions inutiles, pas de fioritures. Mais le traitement de l’étrange m’a semblé… étrange, là aussi. Je n’ai ressenti aucune panique, aucune précipitation, aucun emballement. De ce fait, nulle pression ou nul suspense réellement établis. C’est très particulier. J’ai donc avancé dans le roman à un rythme très régulier, sans accroc. Rien qui ne m’a émue, rien qui ne m’a fait frissonner, rien qui ne m’a fait tiquer.
Voilà encore un roman propre, bien mené, mais qui n’a pas su me toucher. J’ai apprécié cette lecture du dimanche, sans plus. Je doute qu’il m’en reste quelque chose encore dans quelques semaines. Je préfère de loin les romans de Murakami, qui apportent à ce côté très lisse de l’étrange, de l’onirisme, du fantastique… donnant à l’ensemble une consistance un peu plus singulière et irrégulière.
C’est tout pour cette semaine, je vous souhaite un bon lundi et de belles lectures !
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